A la veille de la Seconde Guerre mondiale, Pournoy-la-Chétive est une commune mosellane d’une centaine d’habitants. Situé dans la Basse vallée de la Seille, à une dizaine de kilomètres du sud de la ville de Metz, le village appartient au canton de Verny dans l’arrondissement de Metz-campagne. Sur cette terre catholique et francophone, de vingt à trente familles vivent autour de l’église. Les petites exploitations, associant la culture sur dix à vingt hectares et un peu d’élevage, sont majoritaires. Un cafetier, quelques artisans et plusieurs employés du chemin de fer complètent la population active. Mais la déclaration de guerre de septembre 1939 met fin à cette vie quotidienne relativement paisible.
La mobilisation des hommes, les alertes aériennes liées à la présence à quelques kilomètres du Bataillon de l’Air 138 à Frescaty puis l’arrivée des Allemands en juin 1940, plongent les habitants dans l’angoisse. Une nouvelle fois annexée, Pournoy-la-Chétive redevient Klein Prunach, un hameau de la frontière lorraine. Le 14 novembre 1940, c’est l’expulsion massive de la population. Après un long voyage en train, la plupart des expulsés sont hébergés à Châteauponsac en Haute-Vienne. Ceux qui sont restés au Pays messin doivent cohabiter avec une population allemande plus ou moins hostile, venue exploiter les terres laissées vacantes.
Lors de la Libération, le village devient le poste le plus avancé de l’armée du général Patton sur la rive droite de la Moselle face à la ville messine. La contre-attaque allemande fait de la bataille de Pournoy-la-Chétive des 20-25 septembre 1944, l’une des trois plus terribles de la campagne de Lorraine pour la Troisième Armée américaine. La 17ᵉ SS panzer grenadier division oblige les hommes du 2ᵉ bataillon du 10ᵉ régiment d’infanterie américain à se battre dans le village soumis à l’artillerie des deux camps.
En 1945, Pournoy-la-Chétive est un champ de ruines. Sa reconstruction n’est pas envisagée. Le village est porté disparu. Le maire Emmanuel Delacour se bat pour ressusciter sa commune. Un village de baraques est construit pour accueillir les réfugiés qui sont majoritairement de retour au printemps 1946. La reconstruction du village à l’emplacement de celui qui a été rasé commence. En dix ans, trois villages se sont succédés.
Soixante-dix ans plus tard, le village rural est devenu un village périurbain d’une aire urbaine régionale. Entre un département amené à disparaître et une région ALCA qui se met en place, le village de moins de 700 habitants doit faire face à un nouveau défi, celui de la métropolisation. Comment continuer à faire exister une petite unité territoriale au destin particulier située à la périphérie externe de Metz Métropole?
Francis Petitdemange, membre fondateur de l’Association est enseignant et historien. Il est l’auteur de nombreux livres. Dernier ouvrage paru : Pournoy-la-Chétive Du village porté disparu à Metz Métropole. Collection Historial de la frontière. 2015